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maître d’hôtel cette démarche clandestine. Elle était pourtant très innocente, aussi complètement innocente que la lettre elle-même, laquelle contenait à peine dix lignes. Je les transcris de mémoire, très exactement, quoique je n’aie pas gardé l’original : je dirai pourquoi tout à l’heure. « Vous aviez raison. Ce n’était pas à vous de parler. Je veux quand même vous avoir remercié de m’avoir promis de le faire. J’ai eu le courage de tout dire moi-même à M. C…, et maintenant je m’en vais. Il a été parfait pour moi. Il sait aussi que je vous connais. S’il vous questionne sur mon compte, portez témoignage pour votre pauvre Tristesse et Malines. » Et pas d’adresse, pas d’indication d’endroit, je ne dis pas où la revoir, mais où lui écrire quand j’aurais eu avec le général Cobay cet entretien désormais inévitable ! Quelle preuve plus forte aurait-elle pu me donner de son entière sincérité ? Si j’avais cru, la veille, discerner dans sa confession un rien, non pas de cabotinage, mais de complaisance à se raconter, par suite, une imperceptible nuance de vanité dans une souffrance pourtant réelle, trait de caractère si féminin, je constatai par ce billet -