Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/262

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souvenir me vint subitement de deux créatures, lesquelles servaient de modèles à l’un des peintres qui fréquentaient alors le cénacle du Tabourey, Maxime Fauriel, le portraitiste aujourd’hui célèbre. Ces deux modèles étaient deux sœurs, jolies de visage, douces de manières, pas plus vertueuses qu’il ne seyait à leur profession et avec qui j’avais ces relations de l’ami de l’amant, charmantes dans tous les mondes quand elles sont sincères. Je les avais connues, liées pour de longs mois, l’une et l’autre, avec deux de mes camarades du Tabourey, et j’étais très sûr, d’abord qu’elles accepteraient volontiers, si elles étaient libres, de réveillonner en ma compagnie ; puis qu’elles ne détonneraient pas trop dans le décor un peu sévère où l’ermite de la rue de Fleurus se proposait d’inaugurer une nouvelle et très inattendue forme d’existence, — poussé par quels motifs ? Je me posais tout bas cette question à la minute même où je lui disais tout haut mon projet d’invitation : — " Demain matin, je saurai si ces deux petites peuvent venir, et je vous en avertirai par un mot… » — « Tâchez