Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bustes, regardant les bibliothèques bien rangées, la table à écrire soigneusement tenue, le pupitre à musique, le violon dans sa boîte, les gravures pendues au mur, et qui étaient des vues du Forum, du Panthéon, des temples d’Agrigente et de celui de Ségeste ; me regardant, regardant notre hôte ; — et elles étaient si dépaysées qu’elles n’osaient trop ni causer ni rire. Lui-même paraissait à peine s’apercevoir de notre présence. Il m’avait bien demandé, en insistant, de venir à dix heures précises pour faire connaissance avant le souper, que nous avions, d’un commun accord, fixé à onze heures. Cette combinaison nous permettrait, si les demoiselles Guémiot avaient cette fantaisie, d’aller à Saint-Sulpice, l’église la plus voisine, entendre les chants de la messe de minuit. Il nous expliqua de nouveau ce religieux projet de fin de soirée avec un sérieux qui n’étonna pas trop les deux modèles, mais qui m’étonna, moi, plus encore que le reste. Je savais que Charles était pieux, presque dévot. Et, qu’il mélangeât avec cette désinvolture un acte, pour lui aussi grave que l’audition d’un office, à une partie de ce genre, cela me paraissait un paradoxe égal à la présence,