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I

Tandis que le gardien du cimetière refermait la porte en fer de la petite chapelle au fronton de laquelle se lisaient les mots : Famille Machauli-Gontier, Michel s’arrêta une minute à regarder cet enclos funèbre de Passy, saisissant de grâce dans la mélancolie, par cet après-midi d’automne bleuâtre et voilé, vaporeux et transparent. On était au 3 novembre, — exactement au lendemain du jour des Morts, — en sorte que les fleurs apportées la veille et l’avant-veille paraient de tous côtés les tombes de corolles encore toutes fraîches. Ce n’étaient que roses grandement ouvertes, violettes à peine froissées, chrysanthèmes largement épanouis. D’autres fleurs, demeurées vivantes sur leurs tiges, celles-là, géraniums rosés, blanches anthémis, rouges salvias, brillaient d’un éclat plus vif dans les bordures des allées, où un