Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/129

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païenne eût été là, vivante, devant Hautefeuille, il n’eût pas été plus épouvanté que par les simples mots de ce billet :

— « Cher Monsieur, je suis de retour à Cannes, et je serais heureuse si vous pouviez venir demain vers une heure et demie à la villa Helmholtz. J’ai besoin d’avoir avec vous un entretien sur un assez grave sujet. C’est pour cela que je vous fixe une heure où je suis plus sûre que nous ne serons pas dérangés. Meilleurs compliments, »

Et elle avait signé, non plus comme dans les derniers billets qu’il avait pu recevoir, son prénom devant son nom, mais comme dans le tout premier : Sallach Carslberg. Le jeune homme lut et relut ces quelques lignes si sèches, si froides. L’évidence le terrassa : la jeune femme avait appris son achat de la veille à Monte-Carlo, et toutes les angoisses de ce long scrupule se fondirent en une anxiété suprême qui le fit s’écrier tout haut, une fois rentré dans sa chambre :

— « Elle sait tout. Je suis perdu. »