vertige intellectuel et sentimental que donne aux âmes les moins philosophiques, dans des moments suprêmes, la vision des puissances fatales de la nature, ouvrières implacables de notre destinée. Et puis, comme le nageur que soulève l’énorme palpitation de l’Océan fait tout de même le petit effort de lutter contre les formidables vagues avant d’y sombrer, il essaya, lui aussi, de réagir. Il voulut parler à Berthe, adoucir de cette douleur ce qu’il en pouvait adoucir :
— « Vous m’en voulez beaucoup ? » lui dit-il… « Mais vous voyez, aussitôt que je vous ai sue souffrante, je suis venu… Quand vous serez bien, je vous expliquerai ce qui s’est passé. Vous comprendrez que les choses n’ont pas été tout à fait ce que vous les avez crues… Que de chagrins vous vous seriez, vous nous auriez épargnés, si vous m’aviez ouvert votre cœur ces jours-ci ! … »
— « Je ne vous accuse pas, » répondit la jeune femme, « et je ne vous demande pas de m’expliquer quoi que ce soit… Je vous aime et vous ne m’aimez pas : voilà ce que je sais. Ce n’est pas votre faute et rien ne peut réparer cela… Vous venez d’être bon, » ajouta-t-elle, « et je vous en remercie… Je suis si brisée ! Je voudrais reposer un peu. »
— « C’est le commencement de la fin, » se dit Olivier quand il eut passé dans le salon pour obéir au désir exprimé par sa femme. « Que va devenir notre ménage maintenant ? … Si je n’arrive pas à