Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/468

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Rien ne répondait à son cri. Enfin il arriva devant l’hôtel. Il allait savoir s’il n’était pas le jouet d’un mauvais rêve. Que devint-il quand le portier de nuit répondit à sa demande :

— « M. Du Prat ? mais il est sorti presque aussitôt après monsieur. »

— « Et il a demandé si j’étais sorti ? »

— « Oui, monsieur. Je m’étonne que monsieur ne l’ait pas rencontré… Il est parti exactement derrière monsieur dans la même direction… »

Ainsi aucun de ses pressentiments ne l’avait trompé. C’était bien Olivier qui l’avait suivi, c’était Olivier qui avait été surpris dans le jardin. Était-il mort ? Avait-il été blessé ? Où gisait-il ? Toute la nuit, Hautefeuille erra le long delà route, interrogeant les fossés, les haies, les pierres, tâtant de ses mains les arbres, le sol, puis retournant à l’hôtel, et recommençant. Au matin, comme il revenait littéralement fou de cette inutile recherche, il rencontra, dans un carrefour, se dirigeant vers Cannes par une autre route, deux jardiniers qui conduisaient une charrette ; et, dans cette charrette, une forme humaine était couchée. Il s’approcha et il reconnut son ami. Deux balles avaient traversé la poitrine d’Olivier. Sur son visage souillé de sable se lisait une infinie tristesse. À en juger d’après l’endroit où les jardiniers l’avaient trouvé, il avait marché une demi-heure encore après sa blessure. Puis les forces lui avaient manqué, il s’était évanoui, et il avait dû mourir sans reprendre connaissance, d’une