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SOUS LA TERREUR

après tout de sa sincérité. Je l’aurais certes envoyé à l’échafaud, comme on a fait justement, après la chute de Robespierre. Mais je l’aurais condamné sans le mépriser et je ne le méprise pas encore aujourd’hui. Je le plains. Je suis sans doute le seul au monde à éprouver ce sentiment. Cet homme de tant de bonne foi, a laissé à Morteau et dans tout le pays de Doubs un souvenir exécré. Quand je suis revenu dans cette petite ville, au retour de l’émigration, son nom n’était prononcé, comme de son vivant, qu’avec épouvante. J’avais entrepris ce voyage pour retrouver les traces de mes sauveurs. C’est là que j’ai appris