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SOUS LA TERREUR

sur l’horizon m’avait épouvanté tout à l’heure, et maintenant elle m’apparaissait comme l’asile où du moins ma bien-aimée aurait un toit pour protéger sa chair frissonnante, un lit pour étendre ses membres secoués par le grand travail, des langes pour recevoir notre enfant, s’il devait naître ! J’étais robuste alors et jeune. Je lui demandai d’assurer ses bras autour de mon cou et je marchai encore deux cents pas avec cet adoré fardeau… Et puis, je sentis moi-même ma vigueur défaillir. Je dus m’arrêter à mon tour.

— Tu vois bien, reprit-elle, quand je l’eus reposée à terre, d’une voix si basse que je l’entendais à peine,