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SOUS LA TERREUR

moyen sûr de s’en affranchir. J’avais à ma portée de quoi faire taire cette plainte de bête blessée que poussait ma pauvre Henriette et qui dénonçait ses intolérables souffrances ; de quoi faire taire aussi la plainte de mon cœur, cœur d’amoureux, cœur de Français, car cette agonie de ma jeune femme, dans cette maison inconnue, à quelques lieues de la frontière, après cette fuite du foyer ancestral, qu’était-ce, sinon un épisode de l’immense désastre public ? Malgré tout — la nature a de ces énergies qui défient les craintes les plus justifiées — malgré tout un enfant pouvait naître. Pour quel sort ? Destiné à quelles misères ? Avec cette