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UNE NUIT DE NOËL

satisfaisait sa haine furieuse contre les ennemis de la Révolution, car une joie sauvage éclairait son front lorsqu’il se retourna pour me dévisager. Par quel mystère une physionomie comme celle-là, si intelligente et si fière, pouvait-elle s’associer à cette besogne de haine et de sang ? Comment ces yeux d’où émanait une telle ardeur d’enthousiasme se consacraient-ils, sans en verser des larmes de remords, à des enquêtes d’ignoble mouchardise ? Mon intuition ne m’avait pas trompé. Raillard n’était ni un jouisseur comme l’immonde Danton, ni un envieux comme le sinistre Robespierre, ni un bas coquin comme ce drôle de