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UNE NUIT DE NOËL

matin le travail durait encore. L’accoucheur m’avait ordonné de me tenir dans une pièce voisine, pour que mon émotion, qui était atroce, n’eût son contre-coup ni sur lui ni sur la malade. Dieu ! la dure nuit que je passai là ! Enfin, un dernier cri de ma pauvre femme, suivi d’un silence, m’avertit que le suprême effort avait eu lieu. J’entendis presque aussitôt la voix de Raillard m’interpeller. Il avait cessé de me tutoyer depuis qu’il n’était plus vis-à-vis de moi qu’un médecin.

— Un garçon ! s’écria-t-il. Vous avez un gros garçon ! Est-il vivant, ce petit crapaud !… Tu m’as coûté bien du mal, morveux, mais tu feras un gaillard robuste…