Page:Bourgogne - Mémoires du Sergent Bourgogne.djvu/67

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nos provisions ; pour cela, nous allions faire des reconnaissances de jour, et, la nuit — pour ne pas avoir de concurrence, — nous allions chercher ce que nous avions remarqué.

Le 30, nous passâmes la revue de l’inspecteur dans la rue, en face de notre logement. Lorsqu’elle fut terminée, il prit envie au colonel de faire voir à l’inspecteur comment le régiment était logé. Lorsque ce fut au tour de notre compagnie, le colonel se fit accompagner par le capitaine, l’officier et le sergent de semaine, et l’adjudant-major Roustan, qui connaissait le logement, marchait en avant et avait soin d’ouvrir les chambres où était la compagnie. Après avoir presque tout vu, le colonel demanda : « Et les sous-officiers, comment sont-ils ? — Très bien », répondit l’adjudant-major Roustan. Et, aussitôt, il se met en train d’ouvrir les portes de nos chambres[1]. Mais, par malheur, nous n’avions pas ôté la clef de la porte du cabinet où nos Dulcinées se tenaient, et que nous avions toujours fait passer pour une armoire. Aussitôt, il l’ouvre, mais, surpris d’y voir un espace, il regarde et aperçoit les oiseaux. Il ne dit rien, referme la porte et met la clef dans sa poche.

Lorsqu’il fut descendu dans la rue, et d’aussi loin qu’il m’aperçut, il me montra la clef, et, s’approchant de moi en riant : « Ah ! Me dit-il, vous avez du gibier en cage, et, comme des égoïstes, vous n’en faites pas part à vos amis ! Mais que diable faites-vous de ces drôlesses-la, et où les avez-vous pêchées ? On n’en voit nulle part ! » Alors je lui contai comment et quand je les avais trouvées, et qu’elles nous servaient à blanchir notre linge : « Dans ce cas, nous dit-il, en s’adressant au sergent-major et à moi, vous voudrez bien me les prêter pour quelques jours, afin de blanchir mes chemises, car elles sont horriblement sales, et j’espère qu’en bons camarades, vous ne me refuserez pas cela. » Le même soir, il les emmena ; il est probable qu’elles blanchirent toutes les chemises des officiers, car elles ne revinrent que sept jours après.

Le 1er octobre, un fort détachement du régiment fut

  1. Il est bon de savoir que nous avions fait percer une porte de communication de notre logement dans celui où était la compagnie. (Note de l’auteur.)