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IV

Dorogobouï. — La vermine. — Une cantinière. — La faim.


Le 3, nous fîmes séjour à Slawkowo ; pendant toute la journée, nous aperçûmes les Russes sur notre droite. Le même jour, les autres régiments de la Garde, qui avaient fait séjour en arrière, se réunirent à nous.

Le 4, nous fîmes une marche forcée pour arriver à Dorogobouï, ville aux choux ; c’est le nom que nous lui avions donné, à cause de la grande quantité de choux que nous y trouvâmes en allant à Moscou. C’est aussi de cette ville que, le 25 août, l’Empereur fit faire, dans toute l’armée, le dénombrement des coups de canon et de fusil que l’armée avait à tirer pour la grande bataille. À 7 heures du soir, nous en étions encore éloignés de deux lieues ; c’est avec beaucoup de peine que nous pûmes l’atteindre, car la quantité de neige qu’il y avait déjà nous empêchait de marcher. Nous fûmes même égarés pendant quelque temps, et, pour que les hommes qui se trouvaient en arrière pussent nous rejoindre, pendant plus de deux heures l’on battit la marche de nuit, jusqu’au moment où nous arrivâmes sur l’emplacement de la ville, car, à quelques maisons près, elle avait été brûlée comme beaucoup d’autres.

Il était bien 11 heures lorsque notre bivouac fut formé, et, avec les débris des maisons, nous trouvâmes encore assez de bois pour faire du feu et bien nous chauffer. Mais déjà tout nous manquait, et nous étions tellement fatigués, que l’on n’avait pas la force de chercher un cheval pour le