vous apportera à manger dans votre chambre. Elle ſortit en finiſſant ces mots. Staal fut chargée de me ſervir. Elle m’apporta peu d’inſtans après un ſouper aſſez délicat. Je mangeai peu, & me couchai très-affligée. Dès qu’il fut jour, je me mis à parcourir la chambre. Les fenêtres étoient garnies de barreaux de fer, & la porte étoit fermée en dehors. Deux cabinets compoſoient avec la chambre à coucher tout mon appartement. Pendant les quinze jours qu’on m’avoit donnés je ne vis que la ſeule Staal. Il eſt vrai qu’elle eut grand ſoin de ne me laiſſer manquer de rien. Quand je lui demandois des nouvelles de ma Mère, & ſi elle étoit toujours dans la maiſon, elle me répondoit : — Ne vous inquiétez pas, Miſs, vous la verrez aſſez tôt. Conſentez à ſes déſirs, c’eſt le conſeil le plus ſage que je puiſſe vous donner, & ſoyez ſûre qu’elle vous aimera autant que Miſs Fanny. Enfin, le terme fatal arriva. Au jour précis, ma Mère ſe fit annoncer. — Eh bien ! Émilie, vous rendez-vous à votre devoir ? & puis-je eſpérer d’être obéie ? — Je n’ai pas changé de façon de penſer : Mylady, ordonnez de mon ſort, mais il ne dépendra jamais de
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