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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/124

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mon cœur. Je ſuis tombée à ſes genoux pour lui demander pardon. — Pardon, ma chère Fille ! Ce n’eſt pas moi que tu offenſes dans une inclination ſi mal placée ; c’eſt à la raiſon à qui tu dois des excuſes, car tu l’offenſes viſiblement. Il faut, mon Enfant, me promettre de chaſſer de ton idée un objet qui n’auroit jamais dû y entrer. — Je vous jure, ô ma Bonne-maman, ſur la tendreſſe que j’ai pour vous, que ce penchant eſt venu malgré moi. Combien n’ai-je pas fait d’efforts pour ſurmonter ce fatal attachement ! J’oſe ici avouer à celle que je révère, que je n’ai réuſſi qu’à me rendre malheureuſe. — Quand le danger eſt trop preſſant, il faut le fuir. Ne conſentez-vous pas, Anna, à vous abſenter de ce lieu pour quelque temps ? — Je ſerai donc encore ſéparée de mes chers Parens. — Ta tendreſſe me charme, ma chère Fille. Non, je ne me ferai pas le chagrin de t’éloigner de moi. Je veillerai en perſonne à ta guériſon, je te conſolerai s’il en eſt néceſſaire ; cependant, j’eſpère beaucoup de ta raiſon, elle te rendra à toi-même.

Voilà, mon Amie, comme s’explique la meilleure des Mères. Que de reſpects, que d’obéiſſances ne lui dois-je pas pour tant