Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/142

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pendant il y mit un cataplaſme, & on coucha la malade. Ses douleurs diminuèrent. Ce répit nous permit de nous occuper de toi, dont les cris s’étoient changés en plaintes continuelles. On te trouva un bras caſſé, & différentes meurtriſſures. — Voilà deux Êtres dans un bien mauvais état, dit tout bas le Chirurgien ; il te remit le bras, te panſa, & me pria enſuite de paſſer dans une chambre voiſine. J’étois tellement abattue de ce coup imprévu, que je ne voyois ni n’entendois rien. Le Chirurgien me répéta la même demande. Appuyée ſur ſon bras, je le ſuivis. — Je réponds, Mylady, de la vie de l’Enfant ; mais il eſt impoſſible de ſauver la Mère. Le ſang & le lait ſe ſont mêlés ; l’un & l’autre ne tarderont pas à ſe corrompre. Dans deux jours elle ne vivra plus. Je ſuis déſolé, Mylady, d’avoir une nouvelle auſſi triſte à vous apprendre ; mais mon devoir m’ordonne de ne point diſſimuler des choſes de cette importance.

„ Comme il finiſſoit, mon Époux, qui étoit ſorti, rentra. Sa préſence augmenta ma peine : je fis ſigne au Chirurgien pour qu’il gardat le ſilence ; Mylord s’en ap-