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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/284

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mettoit au déſeſpoir. Murwell partageoit les maux que j’en reſſentois. Le terme que ma Mère avoit fixé, approchoit ; je le voyois arriver avec un plaiſir imparfait, puiſqu’elle n’y étoit pas ſenſible. Huit jours avant l’expiration des ſix mois, Murwell, qui avoit dîné à la maiſon, ſe trouva ſi mal ſur les ſept heures du ſoir, que nous fûmes obligés de le coucher ſur mon lit. Un Médecin que nous envoyâmes chercher, nous dit que le Jeune-homme ne paſſeroit pas la nuit, qu’il avoit un coup de ſang. Effectivement il le rendoit par le nez, par la bouche & par les oreilles ; il avoit perdu toute connoiſſance. Vous imaginez bien, Anna, quelle dut être ma douleur, celle de ma Mère l’égaloit, nous jetions toutes deux des cris terribles. Quelques remèdes rendirent à Murwell un peu de connoiſſance ; il l’employa à nous ſerrer les mains ; ſes yeux fixés ſur les nôtres, nous apprenoient le regret qu’il avoit de nous quitter. Le ſang continuoit à couler ; en moins de deux heures il en fut étouffé. Nos gémiſſemens firent monter tous les voiſins. Le ſpectacle que nous leur offrîmes fit couler leurs larmes. Quel affreux