Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/287

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fit pour vivre avec économie. J’étois orpheline depuis cinq ans, lorſque Mylord Wambrance me propoſa ſa main ; il m’avoit vue chez une Couſine de Miſtreſs Hope, & avoit pris du goût pour moi ; ſon âge, ſa figure, rien ne me parloit pour lui ; je le refuſai poliment, il perſiſta. Miſtreſs Hope me répéta ſi ſouvent que je faiſois une folie de rejeter ainſi un ſort digne d’envie, que je finis par épouſer Mylord Wambrance. J’avois deviné ſes défauts lorſqu’il n’étoit qu’Amant ; dès qu’il fut mon Époux, j’en eus la triſte conviction ; mon Mari eſt jaloux à l’excès, heureuſement que mon caractère me porte vers la gaieté, & que je prends ſur moi pour cacher que j’ai à me plaindre de mon ſort.

J’ai félicité l’aimable Lady d’être aſſez maîtreſſe de ſes ſenſations, pour diſſimuler au Public les peines qu’elle doit éprouver. Cette charmante Femme méritoit, en effet, un autre ſort ; mais quel eſt l’Être parfaitement heureux, j’oſerois preſque dire qu’il n’en exiſte pas. Adieu, ma chère Émilie, ne doutez pas une autre fois de la tendre amitié

d’Anna Rose-Tree.

De Londres, ce … 17..