Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/411

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Mardi paſſé, elle s’eſt trouvée mal ſur les cinq heures du ſoir ; je la veillois avec attention, & je m’étois aſſiſe à côté de ſon lit. Le ſommeil me ſurprit, je me ſuis réveillée par des douleurs très-aiguës au ſein ; en ouvrant les yeux, je vois la malheureuſe Fanny qui m’enfonçoit, de toutes ſes forces, des ciſeaux dans la poitrine : je recueillis mon courage pour m’éloigner de cette Furie ; elle me pourſuivit juſqu’à la porte, que je fermai ſur moi, & je tombai de douleur & d’épuiſement dans la pièce voiſine. Mes plaintes attirèrent le Concierge : il fut très-effrayé de me trouver couverte de ſang. Après m’avoir aidé à gagner un fauteuil, il courut chercher le Chirurgien & le Miniſtre du lieu. Le premier ſe hâta de panſer mes bleſſures ; il m’en trouva deux au ſein & une au milieu de la joue : cette dernière étoit légère ; mais il trouva les deux autres très-dangereuſes. Le Miniſtre & le Concierge entrèrent dans la chambre de Fanny : elle étoit ſur ſon lit, & expiroit lorſqu’ils furent à elle.

Deux jours ſe ſont écoulés depuis cette cataſtrophe. On m’aſſure que je n’en reviendrai pas. Il faut, avant ma mort, que vous ſoyez inſtruite des particularités de ma vie,