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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/93

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autant qu’il m’eſt poſſible l’occaſion de parler à Andrew ; il eſt lui-même le premier à éviter tout ce qui pourroit me compromettre ; depuis l’aveu qu’il m’a fait de ſon amour, il ne m’a rien dit qui put me cauſer de l’embarras. Son reſpect eſt toujours le même ; nous avions hier beaucoup de monde au Château ; Mylord, pour varier les plaiſirs, nous fit faire de la muſique. Je préparois les cahiers pour exécuter un concerto ; il en tomba un. Je ne ſavois pas Andrew ſi près de moi, & je me baiſſois pour le ramaſſer. Comme il avoit la même intention, nos mains ſe rencontrèrent. Perſonne ne nous voyoit ; il ſaiſit doucement la mienne & la preſſa légèrement. Un regard que je lui lançai le rendit immobile ; déſolé de m’avoir fâchée, je vis des pleurs prêts à couler de ſes yeux : je craignis que l’on ne s’en apperçut, & me hâtai de lui ſourire. — Je ſuis donc pardonné, me dit-il, avec timidité. — Oui, mais… N’achevez pas, dit-il, en m’interrompant, je tâcherai de ne plus mériter votre courroux. Il entra du monde, & nous commençâmes notre petit concert ; vous pouvez eſpérer d’obtenir un jour l’objet de votre attachement, mais moi, le plus