Je viens de le mander, et vous le pourrez voir. Un seul remords...
Adieu. Quoique l'ingrat m'oublie, Ma haine est faible encor et mon coeur s'en défie : Et je le veux, si je puis, le haïr assez bien Pour le voir, le braver, et n'en redouter rien.
Scène II
Le prince vient.
Seigneur, ma main vous est promise, Et je puis avec vous parler avec franchise. M'aimez-vous?
Ah Madame ! En ce fatal instant Que mon sort serait beau si vous m'aimiez autant ! De quelque espoir flatteur que mon coeur s'entretienne, Vous ne vous donnez pas quoi que je vous obtienne, Mon hymen vous alarme, et vous vous trahissez ; On vous force à me prendre, et vous obéissez, Quoique l'heur d'être à vous rende ma gloire extrême, Ce bien semble usurpé s'il ne vient de vous-même ; Et parmi les amants il n'est rien si cruel Que d'avoir de l'amour qui n'est pas mutuel.