Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/276

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CLEON.

Quand on a de l’amour, & qu’on a de l’espoir…

CRISPIN.

Je vous dis & redis qu’il m’a dit de vous dire…

CLEON.

Pour des charmes si doux lors qu’une ame soupire.

CRISPIN.

Vous plaît-il que je parle, ô babillard maudit ?
Ou ne dirai-je mot ?

CLEON.

Ou ne dirai-je mot ? Tu m’en as assez dit ;
Le temps m’est précieux, & ma flamme me presse.
Raisonnons entre nous ; je me meurs pour Lucresse.

CRISPIN.

Mourez vous ?

CLEON.

Mourez vous ? Son visage a des attraits puissans,
Elle asservit mon ame, elle charme mes sens ;
En un mot je l’adore, & son pere me l’ôte,
Tu le vois.

CRISPIN.

Tu le vois.Il est vrai ; mais ce n’est pas ma faute.

CLEON.

D’accord, de mon malheur je ne puis t’accuser ;
Mais tu connois son pere, il le faut abuser.
Qu’en dis-tu ?