Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/266

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La reine attend l'ordre sacré
Dont sa main autrefois vous avait honoré.
Cette pompeuse marque, en ce lieu si chérie, [1030]
Sous le fer d'un bourreau lui semblerait flétrie.
Elle m'envoie exprès pour vous la demander.

LE DUC DE NORFOLK.

Mon sort est d'obéir, le sien de commander.
Pour en faire un présent que l'avenir abhorre,
De cette illustre marque il faut qu'elle t'honore. [1035]
Ton zèle pour l'État la rend digne de toi :
Tu lui viens d'immoler ton honneur et ta foi :
Après ce coup d'essai, ton penchant pour le crime
Te peut faire prétendre au rang le plus sublime ;
Toi qui né dans la boue y serait demeuré [1040]
Si ma compassion ne t'en eut retiré.
Tiens, reporte à la reine un présent, qui sans doute,
Devait m'appartenir par le sang qu'il me coûte :
Et pour jouir en paix de ton malheureux sort
Hâte, si tu le peux, les moments de ma mort. [1045]
Tout méchant que tu sois, quelque effort que tu fasses,
Tu ne peux en un jour oublier tant de grâces :