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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/284

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Le Duc avec plaisir épouserait la Reine
S'il voyait votre soeur à couvert de sa haine :
Et dans leurs intérêt les nôtres confondus?

LE COMTE DE MORRAY.

Ah ! Perdons-les, vous dis-je, ou nous sommes perdus.
Après de tels affronts, quelque effort qu'on se fasse, [1320]
Il en reste une horreur qui jamais ne s'efface :
C'est par des flots de sang que l'on doit s'en laver ;
Et nous avons trop fait pour ne pas achever.
Puisqu'au trône où j'aspire une voie est ouverte
De la reine d'Écosse allez hâter la perte ; [1325]
Et laissez-moi le soin, dût-il m'être fatal,
D'aller secrètement immoler mon rival.
Que la reine en courroux tonne, éclate, foudroie,
Il faut que de ma haine il devienne la proie ;
Et dût-elle sur moi le venger aujourd'hui, [1330]
Je mourrai sans regret si je meurs après lui.