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Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/286

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Votre zèle, Melvin, est gravé dans mon âme.
Vous avez de mon sort partagé le courroux,
Et je vais au trépas sans rien faire pour vous.
Je meurs, vous le savez, femme, soeur, fille et mère [1340]
Des plus augustes rois que l'Europe révère :
Et de ce rang suprême il ne m'est rien resté
De quoi récompenser votre fidélité.
Victime d'un arrêt qu'a dicté l'injustice,
L'état où je vous laisse augmente mon supplice : [1345]
Après un sort si rude il m'eut été bien doux
De combler de bienfaits? Et quoi, vous pleurez tous !
Témoins infortunés des malheurs de ma vie,
En voyez la fin avec un oeil d'envie ?
Dans un long voyage ai-je trop peu souffert ? [1350]
Faut-il verser des pleurs quand un port m'est offert ?
Si vous aimez ma gloire épargnez ma faiblesse,
Et ne m'accablez point à force de tendresse.

MELVIN.

Madame, vos bontés, mon devoir, votre rang,
Ne demandent ici que des larmes de sang. [1355]