Page:Boursault - Théâtre, tome second, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/298

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D'une reine innocente on a tranché la jour.
Par les crimes d'autrui la vertu malheureuse [1520]
A de toutes les morts souffert la plus affreuse.
J'ai vu ce que le ciel avait fait de plus beau
Tendre sa tête auguste à l'acier du bourreau :
Et mes remords trop lents n'ont point formé d'obstacle
Au barbare succès d'un si triste spectacle. [1525]
Eussay-je pour tout crime approuvé son trépas
Ma main à m'en punir ne balancerait pas :
Jugez, par cette loi que l'équité m'impose;
Ce que je dois souffrir puisque j'en suis la cause.

ELISABETH.

Vous, ô ciel !

LE COMTE DE NEWCASTLE.

Moi, Madame. Un aveu si honteux [1530]
Vous anime à ma perte, et c'est ce que je veux.
J'offre à votre justice une digne matière.
Ne la trahissez point, faites-la toute entière.
Ce monstre dont la vue infecte vos regards,
Cet ennemi public, haï de toutes part, [1535]
Jusqu'à vous aimer a porté son audace,
Plus coupable que moi mérite moins de grâce.
C'est lui qui par l'appas d'une criminel espoir
A séduit