Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/155

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AU LECTEUR.


Un petit Livre intitulé, Les Mots à la Mode, que l’on vend chez Barbin, & qui a eu toute la réputation qu’il mérite, m’inspira la pensée de faire cette Comédie. Quelque débit que ce Livre ait eu, je crus qu’il ne feroit pas tout l’effet que son Auteur s’était proposé, si l’on ne pesoit un peu plus sur ceux qui se rendent ridicules par des façons de parler aussi extravagantes que les personnes qui ont l’impertinence de les inventer, & je ne doutai point que le Théâtre étant un miroir plus grand que la boutique d’un Libraire, ceux qui s’y verroient, ne s’apperçussent mieux de leurs défauts. Le succès a justifié ma pensée : le plaisir qu’on a pris, & qu’on prend encore tous les jours à voir cette Bagatelle, est une preuve que les portraits, quoiqu’un peu outrés, y sont ressemblans ; & qu’au moins les Auditeurs y reconnoissent leurs voisins, si leur amour propre les empêche de s’y reconnoître eux-mêmes. Si cette Piéce paroît un peu libre, ce n’est pas à moi qu’il s’en faut prendre ; c’est aux libertés que l’on se donne, & qui