Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/169

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BABET.

Les gens de qualité, dont elle a l’honneur d’être,
Ont une extrême peine à ne pas le paroître :
Quoique le nom de pere ait de beau, de touchant,
Depuis un an ou deux cela put le Marchand
Un chétif Avocat par un ordre sévére,
Défend à ses enfants de l’appeler leur pere.
C’est une vérité qu’on peut vous garantir.

Mons. JOSSE.

J’en sçai bien la raison : c’est de peur de mentir.
Souvent un Avocat donne toutes ses peines
Aux affaires d’autrui, pendant qu’on fait les siennes.
Mais je vous mande ici pour un autre entretien.
Je veux vous marier. Vous ne répondez rien !

NANNETTE.

Je n’ai de volonté que pour suivre la vôtre.

BABET.

Je me fais un devoir de n’en avoir point d’autre.

Mons. JOSSE.

Fort bien : j’aime à vous voir dans ces sentimens-là.

NANNETTE.

Je dois à vos bontés beaucoup plus que cela.