Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/415

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LAIS.

Je ne sçai ; mais enfin vous avez des appas
Qu’on auroit mis en œuvre, au lieu qu’ils n’y sont pas ;
Vous seriez mariée, & contente.

ARSINOE.

Vous seriez mariée, & contente.Peut-être.
Lorsque je le voudrai, ne le puis-je pas être ?

LAIS.

Oui, sans doute, & choisir dans le rang le plus haut ;
Mais vous l’auriez été deux ou trois ans plutôt.
La jeunesse est, Madame, une saison bien chere ;
Et les momens qu’on perd ne se recouvrent guére.
Quelque beau petit Prince, au Trône destiné,
Pour aller à la gloire, auroit l’heur d’être né ;
Et c’est pour un Etat un bien si nécessaire
Qu’on l’aimeroit mieux fait, que d’être encore à faire.

ARSINOE.

Ces plausibles raisons pour le bien des Etats
Souvent avec le cœur ne s’accommodent pas.
J’aime mieux un époux qui m’aime & qui me plaise,
Que le trône d’Argos & que celui d’Ephese.