Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/432

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C’est de vous que je tiens qu’une Fille avisée
Doit avoir un air libre, une maniere aisée ;
Et qu’il n’est presque rien dont on ne vienne à bout
Lors qu’avec bienséance on s’accommode à tout.
De quoi vous plaignez-vous ? Je suis votre doctrine.
Veut-on rire ? Je ris. Badiner ? Je badine.
Mais dans tous les plaisirs dont je vous fais l’aveu,
Ce n’est qu’amusement, qu’innocence, que jeu.

ESOPE.

Ah ! Rhodope, Rhodope, à qui j’avois envie
De donner les momens les plus chers de ma vie,
Mon cœur, qui sans tendresse auroit moins de courroux,
Préviendroit vos raisons, s’il en étoit pour vous.
Je ne me souviens point de vous avoir instruite
A vivre sans égards, sans pudeur, sans conduite :
Mais je me souviens bien de vous avoir appris
Qu’un orgueil ridicule attiroit du mépris ;
Qu’un air libre, enjoué, siéroit bien à votre âge ;
Mais, Rhodope, un air libre est-ce un libertinage ?