Page:Boursault - Théâtre, tome troisième, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Qui suivoit ce matin ta senteur agréable,
» Ce soir fuit ta puanteur. »
Tant on devient effroyable,
Quand on perd sa bonne odeur !


Vous reconnoissez-vous, Rhodope, en cette Fable ?

RHODOPE.

Non. L’application n’en est pas raisonnable.
Je veux bien ressembler à l’Asne du matin ;
Mais à celui du soir, j’en aurois du chagrin.
J’ai retenu de vous mille agréables choses
D’une aussi bonne odeur que les Paniers de Roses ;
Mais on ne m’a point vûe, oubliant mon devoir,
Le matin vertueuse, & coupable le soir.
Je hais l’honneur féroce & la vertu chagrine :
Je vous l’ai déjà dit, je ris, chante, badine ;
Et croyant ma conduite exempte de remors
Je ne prends aucun soin de sauver le dehors.
Il est vrai qu’on en parle, & que de vieilles Dames,
Dont le cœur est encor susceptible de flammes,