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Quand, du haut de leurs remparts, les habitants de Servian virent arriver les prédicateurs de l’Évangile, à pied, avec de pauvres bagages, ils furent disposés en leur faveur. Ils les introduisirent dans leur ville et se rendirent aux Conférences contradictoires (Guiraud, Cartulaire de Prouille).

Saint Dominique séjourna une semaine à Servian. « Les habitants du bourg, écrit Pierre de Vaux-Cernay, avaient voué une grande vénération à l’hérétique Thierry, ce sectaire, plus habile que les autres. Ils étaient fiers d’avoir chez eux, comme complice et comme chef, un ministre venu, disaient-ils, de la terre de France, où l’on sait qu’est la source de la science et de la religion chrétienne ».

Acceptée difficilement par les ministres Cathares, la controverse publique dura huit jours, dans l’église paroissiale. À la fin, Thierry dit à l’évêque d’Osma : « Je sais quel esprit vous anime, c’est celui d’Élie. Il voulait, par ces paroles, le désigner tout particulièrement à l’animosité des Cathares, car Élie, l’un des plus grands prophètes de l’ancienne Loi, était pour eux l’un des instruments les plus redoutables du démon. « Et toi, lui répliqua Diégo, c’est l’esprit de l’Antéchrist qui t’a conduit ici ». Nous ne savons quel fut le sujet de la conférence. Si nous en croyons Pierre de Vaux-Cernay, elle tourna au triomphe des catholiques. Gagnés par Diégo et saint Dominique, les habitants de Servian auraient chassé Thierry et Baudouin, s’ils n’avaient craint le seigneur, resté fidèle à l’erreur. Ils voulurent du moins témoigner de leur sympathie aux prédicateurs en leur faisant escorte pendant près d’une lieue sur la route de Béziers (Guiraud, Cartulaire de Prouille, t. I, p. 212).

La croisade pacifique était lancée ; elle aurait fini par réussir auprès des populations simples séduites par l’erreur. Est-ce par crainte de ce résultat ? Les hérétiques se révoltèrent. Le meurtre du Légat Pierre de Castelnaud, sur les terres de Raymond de Toulouse, provoqua l’indignation universelle. Innocent III en appela au monde civilisé et chrétien, il prêcha ouvertement la Croisade. Le nord descendit contre le Midi, Simon de Montfort et ses barons entrèrent en campagne.