Page:Bousquet - Histoire de Servian, 1925.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 32 —
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

gauche pour rappeler le côté percé du Christ. On aperçoit encore le tracé de cette porte à laquelle les fonts baptismaux actuels servaient de vestibule et qui donnait dans le cimetière. La porte actuelle a été faite en 1784 sur les ordres de l’évêque de Béziers, du produit de la vente des ruines de la chapelle de Saint-Saturnin-de-Pouzac devenue un refuge de brigands et que l’évêque fit démolir. On transporta les montants de l’ancienne porte pour les placer à la nouvelle. On peut les voir : ils sont de très bon goût et dans le style sobre du XIVe siècle, ils devaient être moins élancés, car on aperçoit fort bien les bases avec lesquelles on les a exhaussés.

L’agrandissement opéré en 1875, par M. l’archipêtre Beauguil, est fort bien adapté au style, mais il donne légèrement dans le gothique flamboyant. Les grands vitraux datent de cette époque, ils inondent de lumière le chœur au soleil levant, mais la nef resserrée entre les maisons reste toujours obscure.

L’église est orientée, c’est-à-dire que le prêtre à l’autel regarde le soleil levant. Elle est dédiée à saint Julien et à sainte Basilisse d’Antioche. On sait qu’une grande partie des reliques de ces saints avaient été offerts à la reine Brunehaut et, cédées au monastère de Cassan. Or, la famille d’Estève ayant quelques droits sur ce monastère, il est possible que l’abbé ait envoyé quelques reliques pour la consécration de cette église. L’église, est en effet, consacrée, comme le témoignent les Croix rouges gravées sur les colonnes ; mais nous possédons de cette consécration un témoignage original écrit dans nos archives. S’il ne nous donne pas l’année de cette consécration, du moins nous fixe-t-il sur la date du mois. « Le 16 mai 1706, écrit l’abbé Sabatier, curé de Servian, le soleil s’éclipsa entre 9 heures et 10 heures, lorsque nous disions la Messe anniversaire de la Dédicace. » La date de 1635 qu’on lit sur les fonts baptismaux correspond à une série d’embellissements faits à l’église, pourrait bien marquer la date de sa consécration.

La paroisse de Servian était un prieuré cure relevant du Chapitre de Saint Nazaire de Béziers qui en percevait les revenus, à condition de servir au curé une part convenable pour lui et pour le culte, c’est ce qu’on appelait la congrue (partem congruentem). Le curé signait toujours vicaire perpétuel du Chapitre et n’était pas tenu à la résidence. Le Concile de Trente ayant prescrit la résidence dans les paroisses, on dut aménager le presbytère en achetant deux maisons contiguës touchant l’église : on érigea des fonts baptismaux et on répara l’église. N’aurait-on pas profité de ce moment pour la consacrer ?

L’église de Servian relevait du Chapitre de Saint-Nazaire de Béziers. Une bulle d’Adrien IV et une autre d’Alexandre III, énumèrent parmi les possessions de l’Église de Béziers, le château de