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Quoi qu’il en soit, la mission du P. Sylvestre eut un plein succès à Servian, et l’œuvre qu’il y établit se perpétua pendant plusieurs siècles.

Ce fut le mercredi 24 décembre 1599, que la Confrérie fut fondée. À l’issue de la mission qu’il avait prêchée à Servian, le P. Sylvestre « réunit dans sa chambre quelques paroissiens de marque : noble Hector de Mourcairol[1], habitant du Pouget ; Martin, procureur royal, Guillaume Amilhon, Thomas Amilhon, Bernard Giret, Jean Arnaud, bailli, Hugues Fabre, noble Arnaud du Pouzac, Messire Pierre Gossit. Avec eux, Condat, prêtre et prieur de Servian ; tous ensemble décidèrent la fondation d’une Confrérie de Pénitents Blancs « sous le guide et patronage du benoist Saint-Esprit. » Ils devaient rédiger leurs statuts et les présenter à l’évêque de Béziers, espérant être institués canoniquement au Carême de 1600. « En attendant d’ériger une chapelle, ils se réuniraient à la tribune de l’église paroissiale pour y faire leurs offices. »

Cependant ils procédèrent immédiatement à la première élection de leurs officiers. « De laquelle compagnie furent pour lors délégués : pour prieur, noble Hector de Mourcairol, fondateur, pour sous-prieur, Martin, pour choriste, Thomas Amilhon, lesquels furent installés pour lors dans la tribune de l’église paroissiale du lieu de Servian en attendant que la chapelle pour lors achetée et non encore bastie. »

La confrérie fondée, le P. Sylvestre rédigea les statuts que nous copions dans le registre, semblables à ceux qui furent rédigés à cette époque en diverses paroisses.

Le Père Sylvestre eut un plein succès à Servian et l’œuvre qu’il y établit dura plusieurs siècles.

L’institution est avant tout une Confrérie, c’est-à-dire une association chrétienne. C’est une réunion de frères dans le but de se sanctifier avec plus de facilité. D’où prières communes, cérémonies célébrées en grande pompe, costume spécial, propre à tous les Pénitents de ce temps-là.

Comme moyens de sanctification, trois communions obligatoires par an : à la Toussaint, à la Pentecôte, à la Noël, en sus de la Communion Pascale.

Les frères doivent suivre les règles de la hiérarchie : ils obéiront au prieur qu’ils ont nommé ; mais celui-ci exercera sa charge avec humilité ; le Jeudi Saint il lavera les pieds à douze frères.

Les frères donneront le bon exemple : ils ne porteront point d’armes sur eux dans leurs réunions, précaution bien naturelle en ces temps de discordes civiles ensanglantées par tant de meurtres.

  1. Hector de Mourcairol, seigneur du Poujol, appartenait à la famille de Thésan d’Olargues.