à l’intelligence de la vérité qu’il voulait me forcer
de pressentir et s’apprêtait à lire dans mes traits
comme au fond de mon cœur qui commençait à
s’émouvoir. Chaque fois que je me répétais une
phrase qu’il venait de dire j’y trouvais quelque
chose de plus que dans ses paroles à lui ; et cela
me paraissait bien étrange. Ma pensée à la longue,
m’éloignait de moi sans me rapprocher de rien, ni
de personne. Je n’en prenais qu’un plaisir plus
grand à redire les mots égarants qui lui avaient été
inspirés par la vue de cet Androgyne… : « Vous
pouvez contempler cette statue, les yeux que vous
avez s’ouvrent toujours trop tard pour la voir. Moi
qui ai passé des heures en sa compagnie, je n’ai
jamais eu d’elle que mon amour, une solitude
pareille au calme vivant qui grandit dans les
ombres au soleil couchant. » Un peu naïvement, je
lui fis observer qu’il ne l’aimerait plus s’il savait
pourquoi il l’aimait. Mais il avait réponse à tout,
je ne sais pas si c’était par sagesse ou par présence
d’esprit… « De tant d’amour, me dit-il, il ne me
resterait qu’elle. »
Je venais de m’asseoir sur un large divan qui occupait
le fond de la chambre. Il faisait bon dans cette
pièce. Rien ne me disait de m’en aller.
« Examinez donc cette image, reprit-il tout d’un