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Page:Bousquet - Iris et petite fumée, 1939.djvu/12

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CHAPITRE I


Monsieur Sureau habitait le premier étage d’une maison située au fond d’une place qui s’ouvrait sur un boulevard. Il faisait encore jour à l’heure où je m’arrêtais chez lui en revenant de l’hôpital. Entre les branches des platanes on voyait, de sa fenêtre, les péniches amarrées dans le port du canal.


« Une femme à qui j’appartiens, déclara Monsieur Sureau, m’a chassé de sa maison avant le jour ; et cette femme n’est pas de ce monde mais, sans elle, le monde ne serait pas. »
Ceci tournait à la devinette ; il n’y pouvait rien : un songe était au fond de sa vie, il exprimait tout ce qu’une raison comme la sienne en pouvait saisir. Ce n’est pas la faute d’un homme si sa pensée n’entre qu’après lui dans le lit qu’elle s’est creusé.


« Je ne mets jamais que de l’ordre dans mes paroles, me dit Monsieur Sureau, la clarté doit leur venir d’ailleurs. »