sai devant elle et, tout en pénétrant dans le hall, je
lui demandai :
— Vous avez quelqu’un à accompagner ?
— Mon neveu, tiens, me dit-elle, scandalisée par
mon ignorance. Vous ne savez pas que je vais le
prendre, après vingt ans que je ne l’ai pas vu ?
Et elle partit dans un grand branle-bas de savates
qui tournait autour de la maison pendant que je
montais l’escalier.
Le lit était vide. Je traversai la chambre. La porte
qui menait à la salle de bains s’entrebâilla, mais à
peine et sans bruit. Puis ma femme, d’un seul coup,
tira le battant et tomba dans mes bras. « Mais tu
es glacée », lui dis-je. Elle était nue. Et je sentais
ses épaules froides sous mes mains dégantées. Maintenant
elle m’embrassait. Machinalement, je lui
posai une question :
— Voyons, que faisais-tu ?
— Tu le vois bien. Je m’habille.
Un peu vivement je l’écartai, mû par un sentiment
étrange qui me faisait peut-être craindre de trouver
quelqu’un dans la pièce qu’elle venait de quitter.
Sur le sol brillait une lampe qu’elle avait couverte
d’un châle bleu ; les miroirs qui entouraient la pièce
réverbéraient cette clarté ascendante, et c’est ainsi