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la terreur en macédoine

quand il ne s’envole plus au galop éperdu de la chevauchée.

Avec cela, un arsenal. D’abord, en bandoulière, une carabine Martini qui remplace l’immense fusil albanais. Puis, à la selle, un yatagan à la poignée d’or sertie de pierreries. Puis, encore, à la ceinture de soie bleue, une paire de longs revolvers, avec un kandjar et un petit poignard à lame courte et large, de ces lames qui coupent des clous et hachent en scie le meilleur acier anglais.

Il monte un magnifique cheval noir, près duquel s’avance, de son pas silencieux de félin, un lucerdal apprivoisé. C’est un grand léopard des forêts mirdites qui suit son maître comme un chien, semble le comprendre à la parole et lui obéir au geste.

Un terrible compagnon, féroce, intrépide et fidèle.

Les douze apôtres, vêtus également de rouge, avec moins d’opulence, mais aussi formidablement armés, sautent vivement à terre, et laissent la bride sur le cou de leurs chevaux. L’un d’eux porte l’étendard des anciens beys, ou sandjaks, chefs de clans ou de bannières, qui étaient les ancêtres de Marko. C’est le tough, une queue de cheval surmontée d’un croissant d’or et plantée sur une pique.

Les ancêtres de Marko ont été dépossédés par les Turcs. Les chefs de clan indigènes ont été remplacés par des valis, des sandjaks ou des kaïmakans à la solde du sultan. Mais cela est bien égal à Marko qui, parallèlement à la puissance ottomane, conserve et exerce son pouvoir d’ancien seigneur et eh abuse avec un sans-gêne et une férocité réellement incroyables.

Le porte-étendard plante le tough devant l’entrée