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Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/155

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la terreur en macédoine

Ils tombent sur ces postes de gendarmes qui flairent de loin le carnage. Ils arrivent éperdus devant des fronts hérissés de baïonnettes ! Avec des hurlements de bêtes, les zaptiés se ruent au plus dru. En un clin d’œil ces gens éperdus sont broyés comme par un cyclone. Faces écrasées, poitrines crevées, membres fracassés, tout cela ne forme bientôt plus qu’un monceau d’où s’échappe une plainte funèbre, un long râle d’agonie, précédant l’éternel silence !

À l’exemple des sopadjis, les zaptiés fouillent les moribonds, emplissent leurs poches et se rapprochent des caves.

« Tiens ! une idée ! s’écrie l’officier qui les commande.

« Au lieu de garder bêtement cette rue, mettons le feu aux maisons… du moins aux dernières… nul ne pourra plus passer… les flammes seront la meilleure barrière…

— Ton idée est… lumineuse, mon capitaine, observe, en riant très fort de sa plaisanterie, un sergent.

— Oui ! lumineuse ! Mais, auparavant, visitons ces maisons… et vite, n’est-ce pas, mes braves ! »

Tous se précipitent. Alors, pillage, tuerie, ivresse… Poches pleines, mains rouges, estomacs saturés de vin… puis de tous côtés la flamme qui jaillit des ouvertures, lèche les murailles, ronfle, se tord, s’échevèle et monte dans un nuage de fumée noire.

Ah ! cette issue est dorénavant bien défendue !

Maintenant, les gendarmes se replient sur le centre. Ils se mêlent aux sopadjis qui toujours cognent à tour de bras. Baïonnettes et massues fraternisent.

On tue toujours, on tue sans relâche, et ce mas-