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la terreur en macédoine

En bas, c’est une destruction, un anéantissement, une dévastation ! Des corps sont lancés en l’air par une force irrésistible, et apparaissent contorsionnés, au milieu de la fumée. D’autres sont broyés sur place. D’autres, déchiquetés ou aplatis, sont projetés sur d’autres encore qu’ils effondrent.

De larges cercles de morts, de blessés, de gens foudroyés sans lésion apparente s’étalent au milieu de la foule épouvantée.

Une immense clameur d’effroi s’élève, aussitôt suivit d’un silence funèbre. Puis c’est la fuite éperdue, la débandade à toutes jambes de cette horde de massacreurs saisis d’une panique sans nom.

Maintenant, les abords de la maison, toute rouge sous les reflets de l’incendie, sont déserts.

Les quatre hommes échangent une vigoureuse poignée de main et Michel s’écrie, résumant la pensée de tous :

« Par le Dieu vivant qui nous a protégés, il était temps !

— Ah ! mon capitaine, ajoute Mourad, tu es un rude artilleur ! »

Hélène et Nikéa, pleurant d’attendrissement, se jettent dans les bras l’une de l’autre.

« Sauvés !… nous sommes sauvés !… »

Le bébé seul ne bouge pas, et pour cause. Étendu sur une couverture, il dort de son sommeil d’ange, à côté de la réserve de bombes à la dynamite.