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la terreur en macédoine

« Ah !… tiens donc ! » fait Marko avec une joie sauvage.

Un coup terrible, que la force du géant rend toujours mortel ! Joannès le voit arriver, comme la foudre. Sans broncher, bien d’aplomb, ferme comme un roc, il baisse en biais sa lame et relève un peu son poignet.

D’un mouvement net, sec, précis, il coupe cet éclair. Il y a un froissement de métal, un choc violent d’acier contre acier, une gerbe d’étincelles…

L’arme de Marko, détournée, glisse sur celle de Joannès, rebondit jusqu’à la poignée et passe inoffensive au-dessus de sa tête.

« Mille démons d’enfer ! » gronde Marko furieux et tout ébranlé de ce coup porté à vide.

Prompt comme la pensée, Joannès fait un pas en avant, et allonge le bras. Il voit un jour, sous l’aisselle de Marko, et pousse à fond. Parer un coup droit avec une épée est chose facile. Il y a, pour cela, le contre et l’opposition. Mais avec la lame recourbée d’un cimeterre, cela devient difficile, presque impossible.

Du reste, Marko n’a pas le temps d’essayer. Il ne peut rencontrer le fer, tant la pointe de Joannès lui arrive au corps avec la vitesse et la précision d’une balle. D’instinct, il rompt. D’un bond, il se jette en arrière devant cette pointe redoutable qui va trouer sa chair, l’atteindre aux sources de la vie !

Il sent un choc… une douleur cuisante… et une imprécation furieuse lui échappe.

Marko l’invincible, Marko le roi du sabre vient d’être atteint par cet adversaire qu’il méprise.

« Misérable avorton !

— N’insulte pas, Marko ! riposte Joannès d’une voix