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la terreur en macédoine

en nombre, avec un armement perfectionné, les troupes d’élite commandées par Marko lui-même !… Oui, les soldats albanais de Marko-Pacha !

Il sent qu’il y a là une direction jusqu’alors insoupçonnée. Une organisation puissante, résultant d’une volonté forte, d’une intelligence hors de pair, d’une individualité supérieure, servies par une bravoure à toute épreuve et une entente singulière des choses de la guerre. Oui ! Marko a devant lui un homme ! Et un nom vient éclore sur ses lèvres qui se crispent de fureur :

« Joannès ! »

Et c’est en vain qu’il affecte de ricaner, de hausser les épaules et de vouloir rabaisser les mérites réellement extraordinaires de cet adversaire. Le nom siffle entre ses dents comme un coup de cravache :

« Joannès ! »

De gré ou de force, il lui faut reconnaître que cet homme lui a toujours échappé. Musculairement il lui est égal, puisque lui, Marko, n’a pas pu le faire plier, et cela l’enrage. Le sabre à la main, Joannès ne le craint pas, oh ! non… et cela l’exaspère. Avec cela, savant, rusé, tacticien !…

Avec des ressources minimes, il démolit des trains militaires, attaque des forces vingt fois supérieures, anéantit des bataillons et résiste victorieusement à un corps d’armée. Et de jour en jour, ses coups de main stupéfiants augmentent sa popularité. On accourt de tous côtés à son appel. Ses effectifs grossissent. En vérité, si on le laisse faire, il va constituer pour la région un danger formidable, mettre en péril l’autorité musulmane, libérer la Macédoine… chasser les Turcs des kazas, des sandjaks, des vilayets !