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la terreur en macédoine

— Il faut soutenir les terres en boisant avec des portes, des planches, des douves de tonneaux, des fonds de charrettes… avec tout le bois disponible.

— Entendu ! quand tu seras fatigué, un autre prendra ta place. »

Ainsi commencé, le travail se continue avec une sorte d’acharnement farouche et, silencieux. Les débris tombent toujours au fond du puits qui lentement se comble au fur et à mesure que le conduit avance.

Déjà plusieurs hommes y peuvent mener ensemble ce rude labeur. Les uns enlèvent le. sable avec des pelles, les autres l’emportent jusqu’au puits dans des couffes, d’autres enfin installent tant bien que mal, à la diable, les planches et les madriers.

Pendant ce temps, les heures s’écoulent, pleines d’angoisse. Pas de nouvelles de l’intérieur. C’est comme si l’on était à vingt lieues de l’énorme salle où Marko et ses bandits attendent, avec leur impassibilité de félins à l’affût.

Le léopard n’a point reparu. Les prisonnières, en apparence résignées, observent un silence douloureux, plein de dignité. Nikéa désarmée n’essaye plus de lutter. Assise près de son père, elle prodigue au vieillard des soins affectueux, le console à voix basse et l’exhorte à la patience.

On s’observe à la dérobée des deux côtés. Nul ne soupçonne ce qui se passe chez l’adversaire, mais on sent que la situation, trop tendue, est près de se dénouer et qu’il va se passer quelque chose de terrible.

…Le boyau de sape est creusé. Affamés, courbaturés, mourant de soif, les intrépides pionniers