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la terreur en macédoine

— Mon cher lieutenant… mes vaillants amis !…

— Hadj nous a trouvés… il nous ramène… une bête admirable…

— Pied à terre et aux armes ! »

À ce moment, un coup sourd ébranle jusque dans ses assises la vieille demeure. Le sol s’abîme dans la grande salle. Un nuage de poussière aveuglante monte. Puis des cris effroyables jaillissent des entrailles de la terre.

« Vengeance !… vengeance !… mort aux brigands. »

Les femmes poussent des clameurs éperdues et se blottissent le long des murailles. Puis, aussitôt, des hommes souillés de terre et de poussière surgissent, en brandissant des faux, des pics, des pioches.

Joannès, Michel, Panitza les premiers, puis les autres qui frémissent d’enthousiasme et se hissent agilement sur les débris. Ils vont s’élancer sur la portion demeurée debout, cherchant des yeux les Albanais cloués sur place par la stupeur et l’effroi !

Ah ! si l’instinct diabolique du lucerdal n’avait pas conduit la deuxième troupe !… Si les pionniers avaient seulement pu gagner un quart d’heure !… C’était la victoire assurée, et, avec la victoire, la délivrance !

Habitué à toutes les surprises, familiarisé avec tous les périls, Marko conserve tout son sang-froid. Il commande :

« Vingt hommes près des chevaux… les autres ici ! »

Puis, embrassant d’un coup d’œil l’excavation, le groupe tragique des paysans exaspérés, il ajoute :

« Bien joué !… admirable !… ce Joannès est un adversaire digne de moi… J’ai presque regret d’être forcé de le tuer ! »