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la terreur en macédoine

chent les condamnés par les chevilles passées dans les nœuds coulants.

Les visages se congestionnent, rougissent, bleuissent. Des yeux crevés suintent les larmes et le sang. Des cris qui n’ont rien d’humain s’échappent des bouches aux lèvres violacées. Et ce spectacle atroce amuse les monstres, qui allument des cigarettes, fument et s’esclaffent aux contorsions navrantes, aux râles des martyrs.

Un des brigands fait cette réflexion effroyable :

« Cela doit leur donner la migraine. »

Et un autre renchérit :

« La saignée empêchera la congestion au cerveau.

— On pourrait, ajoute Marko, les rafraîchir un peu… il faut bien faire quelque chose pour ceux qui souffrent… D’abord, je suis humain, moi, et chacun le sait.

— Alors, des éventails ?… interroge un troisième.

— Non, j’ai mieux que cela, continue le misérable qui semble incarner le génie de la férocité.

« Tenez, faites comme moi. »

Il saisit un des martyrs, lui imprime plusieurs mouvements de rotation et le lâche brusquement. La corde se détord, puis se retord en sens inverse, dans une giration grotesque et effroyable, avec de brutales secousses latérales.

Ses compagnons à l’envi l’imitent, et bientôt ces pauvres corps tournent… tournent éperdument, s’entre-choquent, plaie contre plaie, fracture contre fracture, jusqu’à ce que la mort trop lente vienne enfin terminer leur martyre.

Les derniers spasmes s’arrêtent. L’agonie est terminée. On pourrait croire que la rancuneuse férocité