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LES TYPOGRAPHES. 27

est depuis quelque temps dans un atelier et qu’il en connaît les us et coutumes, il en fait dans son imagination la maison de retraite pour ses vieux ans et se considère lui-même comme partie intégrante du matériel ; sa place est un modèle de propreté ; le soin méticuleux qu’il met à toujours garder la même position devant sa casse fait que l’endroit où posent ses pieds en a pris l’empreinte ; chaque coin de l’atelier lui rappelle une histoire, une anecdote, un souvenir. Son rang est aménagé avec un soin infini. Il a une collection de choses sans nom et sans utilité pour d’autres que pour lui et qui toutes lui sont chères. Il s’est créé des amis ; il tient à ses relations ; le patron n’a pas de plus chaud défenseur que lui. Si, par malheur, il est forcé de sortir de cette maison qu’il regardait comme la sienne, de quitter cette place où il a passé tant de longues heures, d’abandonner à des inconnus ces casses qu’il soignait avec tant d’amour, il ramasse tristement sont saint-jean et s’en va en essayant de faire croire à une indifférence qui est bien loin de son cœur[1]. »


Un caractère commun à la grande majorité des typographes, c’est l’amour du progrès et des idées nouvelles. En tout et partout le compositeur est pour le progrès. « Il a été, dit M. Jules Ladimir, de toutes les religions nouvelles qui ont essayé de reconquérir notre foi lasse de tout, même de sa pauvre sœur, l’espérance. On l’a vu successivement saint-simonien,

  1. Typographes et gens de lettres.