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TAINE 19

essences subtiles, verdir dans la feuille, se concentrer en couleurs et en parfums dans les corolles odorantes ! Tout ce qu’il y a de plus éclatant, tout ce qu’il y a de plus délicat dans la frondaison et la floraison de l’âme humaine a-t-il jamais été observé avec une volupté spirituelle plus intense ? Qui ne se rappelle l’adorable article sur la princesse de Clèves ? Mais la preuve la plus concluante, c’est à coup sûr l’accent dont il a parlé de la religion, du protestantisme d’abord, dans l’Histoire de la littérature anglaise, puis de l’Église catholique, dans l’étude magistrale de 1891. Un matérialiste pur n’aurait pas trouvé ces mots et ce ton. Nous ne ferons certes pas de Taine un spiritualiste : sa loyauté s’en fût défendue ; d’autre part, nous n’hésiterons pas à dire qu’il n'a jamais existé un idéaliste plus déterminé, nullement mystique sans doute, sensualiste déclaré par ses points de départ, mais, si l’on en juge par le cours habituel de ses pensées, les prédilec-