Page:Bouton - La Patrie en danger au 25 février 1848.djvu/43

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bre ; les autres se dispersèrent, et nous restâmes tous deux avec Blanqui. Cinq heures allaient sonner, la nuit gagnait.

Que se passait-il dans l’âme de Blanqui ?

Le drapeau rouge n’était qu’un prétexte hardi, qu’une chance d’exalter contre le Gouvernement provisoire la rancune de la gouape révolutionnaire.

On avait trouvé le drapeau rouge arboré sur les barricades, on ne l’avait point exhumé du fond des tanières à conspirations et à complots. Il s’était trouvé naturellement entre les mains des combattants des deux derniers jours, planté entre les pavés, et il n’y avait peut-être aucune raison à faire de cela une grosse affaire. Mais l’insulte que lui avait crachée Lamartine était gratuite ; et c’était réellement parce qu’il avait été la bannière des insurrections de Paris et de Lyon, plutôt que pour l’histoire du Champ de Mars, que Lamartine l’avait arraché du perron de l’Hôtel de Ville ; c’était, en un mot, le fantôme sinistre des républicains, des funèbres héros de l’émeute qu’il repoussait ; personne ne s’y méprenait, ni Lamartine, ni Blanqui, ni le Gouvernement provisoire, ni les condamnés politiques.