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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/105

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XIVe siècle. Retour à l’Unité.

à sa vertu et à son amour pour l’Ordre ; il désira saluer chaque religieux, puis s’enferma deux jours en cellule sans voir personne, seul avec Dieu.

Le lundi 21 avril 1410, le Chapitre tint une séance qui empruntait à la circonstance présente une solennité tout exceptionnelle. Le P. Scribe donne lecture de la renonciation du R. P. Dom Boniface Ferrier ; alors le R. P. Dom Étienne Maconi se lève, s’avance au milieu de l’assemblée, et lui-même annonce qu’il se démet de sa charge. Aussitôt les Définiteurs se rassemblent pour élire un Général ; frappés de l’air de sainteté répandu dans toute la personne de Dom Maconi, et profondément édifiés de son admirable conduite, ils voulurent par déférence l’admettre au nombre des Électeurs ; mais, aussi sage qu’il était humble, Dom Étienne refusa cet honneur insigne, dans la crainte que sa participation au vote ne soulevât dans la suite quelque difficulté.

Les Définiteurs nommèrent à l’unanimité le vénérable P. Dom Jean de Griffenberg, prieur de la chartreuse de Paris, et qui avait beaucoup travaillé pour la réunion de l’Ordre. Ce choix — très habile — plut à tout le monde : si Dom Jean était de l’obédience française, il appartenait à l’Allemagne par sa naissance ; aussi, Français et Allemands se déclarèrent satisfaits, et dès lors la paix la plus profonde régna dans l’Ordre entier, où il n’y eut plus qu’un seul troupeau et qu’un seul pasteur.

« Cette union, objet de tant de désirs, dit un de nos Annalistes[1], fut surtout l’œuvre des Chartreux

  1. Le Masson, Annales, p. 205.